INTELLIGENCE RENOUVELÉE VS INTELLIGENCE ARTIFICIELLE



Est-il possible de s'avancer prudemment sur un terrain d'anticipation afin d'imaginer ce que pourrait être l'église de demain...? 

L'église va-t-elle céder aux pressions du progrès ou se figer en un point de son histoire en refusant les avances d'un monde qui est lui-même attiré par les possibilités infinies que lui offre la technologie ?    

L'église sera-t-elle le dernier refuge, le dernier bastion ou le dernier rempart en face de l'ensemble des sociétés qui plongent dans l'hyper-technologisation étant attirées par une volonté de toute puissance et en même temps engluées dans ce curieux paradoxe de ne plus rien parvenir à contrôler ?   

Tandis que nous voyons peu à peu, se dessiner devant nos yeux, le monde décrit dans le roman d'Aldous Huxley intitulé "Le meilleur des Mondes"; nous ne pouvons que nous laisser aller à penser à ce que pourrait être l'église dans ce Nouveau Monde dans lequel beaucoup cherchent à nous faire entrer.   

A ce propos, le théologien DA Carson a écrit au sujet du livre de Postman : 

"Lorsque Postman écrivit l'introduction de son livre important "Amusing Ourselves to Death", il exposa la position qu'il adopte en opposant les avertissements de "1984" de George Orwell et dans "Le meilleur des Mondes" d'Aldous Huxley : Orwell avertit que nous serons submergés par une oppression imposée de l'extérieur. Mais dans la vision de Huxley, aucun Big Brother n'est requis pour priver les gens de leur autonomie, de leur maturité et de leur histoire. 
Comme il l'a vu, les gens vont aimer leur oppression, adorer les technologies qui défont leurs capacités à penser... 
Ce que craignait Orwell, c'était ceux qui interdisaient les livres. Ce que craignait Huxley, c'est qu'il n'y aurait aucune raison d'interdire un livre, car il n'y aurait personne qui voudrait en lire un. 
Orwell craignait ceux qui nous priveraient d'informations. Huxley craignait ceux qui nous donneraient autant d'informations que nous serions réduits à la passivité et à l'égoïsme. 
Orwell craignait que la vérité ne nous soit cachée. Huxley craignait que la vérité ne soit noyée dans une mer sans importance. 
Orwell craignait que nous devenions une culture captive. Huxley craignait que nous devenions une culture insignifiante, préoccupée par un équivalent des sensations, de l'orgie et du bumble-puppy centrifuge (Jeu d'enfants futuriste). 
En "1984", ajoute Orwell, les gens sont contrôlés en infligeant de la douleur. Dans "Le meilleur des Mondes", ils sont contrôlés en leur infligeant du plaisir. 
En bref, Orwell craignait que ce que nous détestons nous ruinera. Huxley a craint que ce que nous aimons nous ruinera. 
Il est possible que Huxley, et non Orwell, avait raison."

A la suite de cette lecture comparée entre les romans d'Orwell et de Huxley, nous en arrivons à mieux comprendre que pour attirer l'Homme là où l'on veut l'amener, il n'y a rien de mieux que de lui accorder un peu de plaisir. 

S'il commença en Eden par se laisser tenter par le fruit défendu en vue d'obtenir la connaissance, il pourrait bien cette fois-ci céder à un tout autre plaisir en vue de la perdre irrémédiablement et en se mettant à nouveau sous une forme d'autorité nouvelle et particulièrement dominante, asservissante.    

Je partageais récemment sur un réseau social cette citation de Jacques Ellul qui déclarait que 
"La technologie moderne est devenue un phénomène total pour la civilisation, la force déterminante d'un nouvel ordre social dans lequel l'efficacité n'est plus une option mais une nécessité imposée à toute activité humaine." 

A la suite de cette citation, ma réflexion se porte évidement sur l'impact que produit la technologie moderne dans l'église...

Est-elle devenue une nécessité...? 
Et quelles interférences avec la volonté divine peut-elle provoquer...? 
L'efficacité peu en importe le prix nous a-t-elle gagnée...?

L'Eglise a déjà plus ou moins tristement adopté, au nom de la pertinence culturelle, une foule de concepts technologiques dont les effets se font sentir jusque dans ses fondements dogmatiques. 
Le risque n'était pas d'utiliser la technologie mais de finir par en dépendre totalement en repoussant Dieu au loin (quand le virtuel menace le spirituel...).

Connaissez-vous Anthony Levandowski...?
Il est connu comme étant le père de la voiture autonome mais cet ancien de Google et de Uber est aussi à la tête d'une organisation religieuse et du culte qui l'accompagne.

Il déclare : 
"Ce qui s’apprête à être créé sera effectivement un dieu. Ce n’est pas un dieu dans le sens où il fait tomber la foudre ou provoque des ouragans. Mais s’il existe une chose un milliard de fois plus intelligente que l’humain le plus intelligent, comment l’appelleriez-vous autrement ?"

Anthony Levandowski se consacre depuis plusieurs années à la création de son organisation religieuse, baptisée «Way of the Future » : celle-ci érige au cœur de ses croyances l’intelligence artificielle.

Aussi, Anthony Levandowski déclare : 
"Nous avons entamé le processus pour élever un dieu. Alors, assurons-nous d’y réfléchir pour le faire de la meilleure façon. C’est une opportunité formidable." 

Anthony Levandowski a sans doute raison de penser que lorsque l'IA (Intelligence Artificielle) atteindra son plein développement, elle dépassera de loin les capacités humaines et parviendra à synthétiser l'ensemble des connaissances qui seront alors à sa disposition et ceci dans le but de satisfaire nos attentes et nos besoins. 

Ainsi, grâce à des algorithmes de plus en plus poussés et à une mise à disposition de l'ensemble des données qui sont regroupées sur les serveurs mis en réseau par internet, l'IA sera en capacité de produire des résultats dans des domaines infiniment variés qu'aucun humain ne pourrait parvenir à développer dans un tel temps record et avec une fiabilité déconcertante.         

Devons-nous y voir l'émergence d'une forme de divinité...? 
A en croire Anthony Levandowski, ce n'est qu'une question de temps pour qu'une nouvelle forme de culte prenne toute la place dans ce Nouveau Monde....!

Les pasteurs questionneront ils alors l'Intelligence Artificielle en vue d'obtenir un sermon tout prêt après avoir renseigné quelques mots-clés...? 

Les sermons ne sont-ils pas déjà le fruit de données récoltées sur le net dans les ressources mises à dispositions par les meilleurs orateurs ?  
L'IA ne fera que parfaire ce que l'homme prend encore à sa charge plus ou moins habillement. 
Le plagia n'est sans doute pas le fait des seuls comiques...!    

Sera-t-il encore pertinent d'aller écouter un homme "imparfait" à l'église alors que l’Intelligence Artificielle vous dispensera des sermons comme jamais homme n'a prêché...?

Couplé à la technologie holographique un pasteur de synthèse prendra-t-il place dans nos maisons, hyper-connectées, au beau milieu de nos salons, pour nous présenter un culte complet à la gloire de l'IA....? 

Les groupes de louanges seront-ils eux aussi repoussés dans les oubliettes d'une époque Has-been que nous ne consulterons que de temps en temps, avec une petite pointe de nostalgie et d’ironie....?

Si les huissiers dirent au sujet de Jésus dans Jean 7.46 : "Jamais homme n’a parlé comme cet homme" que dirons-nous des sermons composés à la suite d'une simple demande renseignée sur un  formulaire en lien avec l'Intelligence Artificielle...?    

Au risque de paraître déjà déphasée avec mon époque, et d'être taxé de dangereux conservateur, je me retrouve déjà dans la perspective de m'opposer à cet incontournable progressisme qui œuvrera inlassablement à nous faire régresser, rendant obsolètes nos capacités à penser. 
Seuls ceux et celles qui parviendront à s'en détacher, à s'en émanciper, continueront à remplir leur matière grise au prix d'être considérés comme de potentiels terroristes. 

Ceux et celles qui continueront à se tourner chaque jour vers Dieu et ne s'inclineront pas devant l'idole auront-ils aussi une fournaise qui les attendra...? 

Tandis que mon réseau social m'indique que cela fait plusieurs jours que je n'ai pas interagi et qu'il serait bien d'y remédier, pouvons-nous penser que notre temps de connexion à l'idole IA sera aussi surveillée...? 

Ce monde vers lequel nous nous avançons n'aura sans doute de merveilleux que l'impulsion plaisir que nous ressentirons lors de nos connexions, qui nous rendrons semblables aux chiens de PAVLOV, bavant à chaque impulsion conditionnée par les algorithmes qui nous proposeront des programmes en totale adéquation avec ce qui nous convient le mieux. 

Dépendant de l'IA comme un toxicomane de son héroïne, les foules s'inclineront-elles alors devant l'idole virtuelle...?!          

En 1988, tel un prophète criant dans son désert, Jacques Ellul écrivait dans son livre intitulé "Le bluff technologique" que 
"Le système technicien, exalté par la puissance informatique, a échappé définitivement à la volonté directionnelle de l’homme."

Que dire 30 ans après....? 

Tandis que devant nous, l'idole commence à se dresser, nous ne pouvons qu'alerter et sensibiliser avec encore plus de vigueur. Une nécessaire prise de conscience et un réveil spirituel pourrait permettre de positionner l'Eglise dans ce qu'elle devrait être en chaque point de l'histoire : une Lumière pour éclairer les nations et le sel de la Terre pour freiner la corruption. 

Annonçant le message libérateur de l’Évangile de Jésus-Christ, elle transcende les temps, les époques et les modes et elle n'a aucunement besoin de satisfaire aux pressions modernistes et à sa quête évolutive. Elle a néanmoins pour mission d'en dénoncer toutes les dérives. 

Certes, la tentation existe déjà de vouloir re-positionner l'Eglise en vue du progrès sur les standards du monde, telle qu'on le fait pour obtenir la dernière mise à jour de son smartphone. 

Ce que l'Eglise a véritablement besoin, c'est de se connecter à Christ par le Saint-Esprit, de s'appuyer sur la Parole de Révélation qu'est la Bible, et de s'efforcer avec courage et détermination de poursuivre la volonté de Dieu en ce monde. 
La véritable Eglise n'avancera jamais grâce à des algorithmes et à une intelligence artificielle, mais uniquement grâce à l'Esprit de Dieu qui oeuvre pour lui communiquer une intelligence bien réelle.
Past. Xavier LAVIE